Littératures francophones : une définition problématique

Littératures francophones : une définition problématique

Littératures francophones : une définition problématique


Lorsque l’on recherche la définition exacte de la littérature francophone, il est assez rare d’en trouver une qui précise de façon claire à quoi renvoie cette notion. Les qualificatifs employés pour tenter de la cerner sont la plupart du temps les termes « flou », « peu clair », « difficile » (Joubert, Delas, 1995 : 151). Joubert et Delas parlent de « grand flou conceptuel ». Pour Ch. Bonn, la « francophonie […] souffre de la même ambiguïté définitionnelle et de la même position ″mineure″ ou dévalorisée (2008 : 43). Ce flou définitionnel est souvent constaté quand il importe de savoir si la littérature française fait partie ou non de la francophonie.

Ce manque de clarté est éloquent à plus d’un titre. Phénomène étrange, toutes les tentatives de délimitation de cette notion aboutissent à une définition elle-même définie comme difficile à définir, donc indéfinissable, ne renvoyant à rien de précis.

Comment expliquer un tel paradoxe ? 
Comment une définition ne parvient-elle pas à définir un concept ? 

Sans doute eston confronté à une réalité complexe qui se laisse difficilement enfermer/prendre au piège de la définition dont la fonction, comme l’indique l’étymologie, est de « délimiter, déterminer »3, de fixer un sens, de l’inscrire dans un espace-temps. C’est cet espace-temps peut-être qui pose problème à la notion de littérature francophone : à quelle temporalité/à quel(s) lieu(x) l’espace littéraire francophone se réfère-t-il ? Des spécialistes de la francophonie (J.-L. Joubert, C. Bonn, M. Beniamino) aux concepteurs des anthologies de littérature française (H. Mitterand, P. Brunel), à ceux qui déplacent les frontières pour dessiner une nouvelle géographie mondiale de la littérature (L. Gauvin, M. Calle-Gruber, P. Casanova, E. Glissant), les définitions varient en fonction du lieu du discours, des positions et dispositions de chaque chercheur. Ainsi se dessine une perspective autre, un regard différent pour interroger ou déconstruire ce qui paraît comme une évidence. Une attitude nouvelle offre une nouvelle dimension aux littératures francophones. Il est intéressant de relever que les trois derniers
noms cités sont des femmes dont le point commun est qu’elles sont légèrement loin du centre : l’une est Canadienne, l’autre est spécialiste de littérature féminine et la dernière est journaliste et critique.
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