DÉMARCHE ET OBJET DE LA SOCIOLINGUISTIQUE

DÉMARCHE ET OBJET DE LA SOCIOLINGUISTIQUE


DÉMARCHE ET OBJET DE LA SOCIOLINGUISTIQUE 


1 -DÉMARCHE 


La sociolinguistique implique : 

-Une théorie linguistique : qu’observer ? que décrire ?

-Une conception systématique de la communication parlante, une sociologie : qui observer ? dans quelles relations sociales ?

La méthode en sociolinguistique se répartit en deux démarches successives : 

1-une description de la structure linguistique et une description de la structure sociologique. Pour ce faire, elle emprunte les acquis théoriques de l’approche structuraliste des phénomènes langagiers et les concepts et méthodes à la sociologie car cette dernière « montre que tout individu est d’abord un objet social, le produit d’une socialisation.

Le langage est une forme de comportement social, un instrument de communication entre les hommes, un répertoire de variétés linguistiques imbriquées les une dans les autres, un moyen d’expression de l’individu. »

2-une confrontation des deux disciplines, généralement le but visé est la connaissance de la société, le langage est le moyen qui permet cette connaissance. Naturellement la démarche du chercheur variera selon le sujet et aussi selon sa position idéologique.


2-OBJET DE LA SOCIOLINGUISTIQUE


La sociolinguistique a affaire à des phénomènes très variés : -les fonctions et les usages du langage dans la société, -la maîtrise de la langue, l’analyse du discours, - les jugements que les communautés linguistiques portent sur leurs langues, la planification et la standardisation linguistiques… Elle s’est donnée au départ pour tâche de décrire les différentes variétés qui coexistent au sein d’une communauté linguistique en les mettant en rapport avec les structures sociales ; aujourd’hui, elle englobe pratiquement tout ce qui est étude du langage dans son contexte socioculturel.

L’objet de son étude n’est pas seulement la langue, système de signes, ou la compétence, système de règles. Elle dépasse cette opposition qui fournit un cadre étroit pour l’étude de problèmes linguistiques importants comme l’utilisation du langage dans son contexte socioculturel et s’ouvre vers ce que Hymes appelle la compétence de communication : pour communiquer, il ne suffit pas de connaître la langue, le système linguistique, il faut également savoir comment s’en servir en fonction du contexte social. D’autres linguistes, tel Labov, pensent que toute production linguistique manifeste des régularités et peut donc faire l’objet d’une description.

Cependant quelque soit les différences, tous les chercheurs mettent l’accent sur un objet unificateur : le langage considéré comme une activité, socialement localisé, dont l’étude se mène sur le terrain. Donc sans exagérer le caractère multipolaire de la sociolinguistique, on peut dire à la suite d’HENRI Boyer , (p.7) que « celle-ci embrasse, à travers ses diverses tendances, l’ensemble des composantes de l’activité de la parole : non seulement la-les langues et la société, mais également le ou les discours, le ou les textes, le sujet et la communication, sans oublier les attitudes et les images, ce qu’on appelle les représentations psycho-socio-langagières qui pèsent sur les pratiques de langage et conditionnent leur manifestation. »

Les objets d’observation et d’analyse ne seront pas les mêmes, ils sont conditionnés par la démarche du sociolinguiste, selon qu’il s’attache à mettre en relation telle ou telle composante. Ainsi le sociolinguiste peut vouloir inventorier les savoirs linguistiques à l’oeuvre dans une communauté donnée, étudier les dialectes, les sociolectes, et autres variétés en usage dans tel groupe. Il peut également mettre en rapport ces savoirs linguistiques et les institutions qui leur octroient une plus ou moins grande légitimité sociale. Il peut encore analyser le fonctionnement des normes et des évaluations sur lesquelles s’appuie la parole circulante. Il ne lui est pas interdit non plus d’interroger les divers types de discours, oraux ou écrits pour en décrire le fonctionnement polyphonique, c’est-à-dire la manifestation plus ou moins problématique de plusieurs voix : celles des interlocuteurs, mais également la trace, l’écho, de celles qui circulent dans le contexte social où s’inscrivent les productions linguistiques en question.

Le sociolinguiste réintroduit dans son champ d’étude le sujet, peut aussi bien analyser les statuts, rôles et places des acteurs- partenaires, leur incidence sur le déroulement des interactions, au travers, en particulier, des stratégies mises en oeuvre. Enfin, la communication elle-même peut retenir son attention au travers des actes de parole, directs ou indirects, de leur interprétation plus ou moins prévisibles, des rituels socio-langagiers sur lesquels s’appuie la parole en communauté. Donc la sociolinguistique investit tous les domaines.