Types de traduction

Types de traduction

Types de traduction


Les textes à traduire sont jugés d'après la tâche qu'ils imposent au traducteur:

– de travailler simultanément sur l'expression et le sens, ou de travailler à partir du sens:

D'après ce critère on distingue les traductions littéraires et non littéraires.

Une traduction littéraire exige de la part du traducteur une intervention créatrice sur la forme en langue cible: recréer une oeuvre en langue d'arrivée à partir des contenus exprimés dans le texte de départ. C'est le cas des traductions de certains types de textes comme le seraient les œuvres littéraire en prose et en vers, les textes publicitaires, et d'autres écrits fortement liées à leur composante rhétorique ou stylistique (par exemple: textes qui devront conserver en traduction leur caractère archaïque, ou leur éléments connotatifs, leur registre stylistique particulier: (oralité, code régional, familier .etc.).

La traduction non littéraire ou non pédagogique est omniprésente dans notre vie quotidienne, depuis le guide d’utilisateur du dernier logiciel acheté jusqu’au plus récent ouvrage sur la culture des orchidées, en passant par le western du mardi soir. Si on l’oublie, c’est que dans la plupart des cas, elle a atteint son objectif, transmettre de façon transparente ce qui aurait été incompréhensible dans la langue d’origine, à tel point que le texte semble avoir été conçu dans la langue d’arrivée.

Cette traduction-là, qui recouvre 90 % du volume de traduction mondial, n’a les faveurs ni des linguistes, ni du grand public : sous l’étiquette large de « traduction technique », elle est assimilée à un travail répétitif et non créatif, à une traduction sans intérêt et sans liberté. De plus, littéraires et linguistes y voient un exercice bâtard car il semble nécessiter des connaissances techniques approfondies, et de ce fait rester réservé à ceux qui sont parfois davantage des spécialistes d’un ou de plusieurs domaines spécialisés que des spécialistes de langues.

Pourtant le traducteur de textes non littéraires dispose souvent d’une marge de liberté insoupçonnée, qui lui permet d’exercer sa créativité. C’est ce que je voudrais démontrer dans cet article. Les exemples que je citerai proviennent de textes appartenant à des genres et des domaines de spécialité divers, englobés par J. Delisle sous l’appellation de textes « pragmatiques » (1980), regroupant aussi bien des articles scientifiques et des textes de la presse générale ou spécialisée que des textes dits utilitaires ou opératoires issus des entreprises industrielles et commerciales, qui constituent la grande masse des traductions proposées sur le marché aujourd’hui.

– d'utiliser des lexies et des structures relevant des langages de spécialité:

D'après ce critère, on distingue les traductions de texte de spécialité et les traductions de texte
général. Le texte de spécialité a une circulation restreinte, d'après le but de communication de ces textes, à une certaine sphère sociale de production textuelle. Tels sont les textes scientifiques/ théoriques, philosophiques, économiques, juridiques, administratifs, techniques etc.


La traduction du texte de spécialité exige une formation spécifique: d'abord la traduction de
spécialité suppose une parfaite connaissance des deux langues en situation de transfert, et donc la traduction de spécialité n'est approchée à l'université qu'avec des étudiants ayant déjà terminé un premier cycle de formation générale à la langue étrangère (cours de spécialité, mastère, etc.).
Le texte de spécialité soulève un certain nombre de difficulté de traduction liées en partie au lexique
et aux structures relevant d'un code particulier que suppose une langue de spécialité (le français juridique, le français commercial etc.) et en partie à la contextualisation particulière de certaines vocables et structures du langage commun.

Si une traduction ne s'applique pas sur un texte littéraire et si elle n'impose pas non plus l'exigence de
se rapporter entièrement à un langage de spécialité, alors on peut parler de traduction de texte général, qui comprend d'une part le texte de la communication courante, en situation de vie quotidienne, et d'autre part le texte ayant une fonction pragmatique, dans la vie de tous les jours (divers documents, textes informatifs, annonces, compte rendus, modes d'emploi, factures, CV, présentation générale de l'activité d'une institution, programmes, thématiques, articles de presses, textes de vulgarisation scientifique etc.).

Le texte pragmatique fait partie d'une pratique sociale de plus en plus développée et spécialisée, étant donné que, depuis l'âge moderne de l'histoire, le nombre de textes mis en circulation est de plus en plus accru: la sphère économique, commerciale, médiatique, didactique etc, sont autant de domaine de la vie pratique qui mettent en usage des pratiques textuelles de plus en plus développées.

Par traduction pragmatique on comprend donc toute traduction qui se propose de restituer en langue cible la fonctionnalité du texte de départ, en utilisant le code de la langue cible avec des adaptations
qui permettent au produit textuel qui résulte de l'opération traduisante de remplir des fonctions
communicatives aussi proches des fonctions qu'avait le texte de départ, à ceci près que la traduction doit remplir ces fonctions communicatives au sein de la communauté des sujets parlant la langue d'arrivée.

À côté du texte pragmatique on peut aussi parler de texte de la communication courante, qui est
moins contraint du point de vue du vocabulaire et des structures grammaticales, plus perméable aux
vocabulaires connotatifs (argots, lexèmes du registre familier) et aux marqueurs de l'oralité, par exemple à certains phénomènes de l'ellipse et changements de topique, phénomène caractéristique à une stratégie perceptive du texte qui se réalise en dehors des contraintes génériques pesant sur les productions textuelles plus normées.

La traduction de texte de la communication courante et la traduction de texte pragmatique peuvent
s'approcher selon une plate-forme théorique commune: les vocabulaires sont perméables (le langage courant comprend toute une série de vocables de spécialité), les structures de textualisation donnent naissance à des interférences spécifiques (l'intertextualité étant à tout niveau de langue un phénomène incontournable), de sorte que le texte de l'échange communicatif courant et le texte à fonctionnalité pragmatique sont susceptibles d un traitement commun en théorie de la traduction.