Les voyelles

Les voyelles


Les voyelles



Le français est une langue qui, en comparaison des autres langues du monde, possède énormément de voyelles : le système vocalique le plus répandu à travers les langues ne comprend que 5 voyelles (i, e, a, o, u), et le second, 3 (i, a, u) ; nous en avons entre 12 et 16 !

==Les étrangers qui apprennent le français ne connaîtront, pour la plupart, que 5 voyelles : i, e, a, o et u. Il est donc très probable qu’ils aient énormément de difficultés à entendre et à produire des nuances comme entre i (nid) et y (nu), e (ballet) et ɛ (balai) ou o (pôle) et ɔ (Paul).

 Le français peut avoir jusqu’à 12 voyelles orales, c’est-à-dire où l’air ne passe pas par le nez, seulement par la bouche :

- a : comme dans pas ou cabat, se prononce en ouvrant la bouche et en laissant la langue dans sa position naturelle. Cette voyelle est une des plus répandues au monde et ne devrait pas poser de problème aux apprenants.
- ɑ : certaines régions de France font encore la distinction entre le [a] standard et un autre [ɑ], prononcé avec la langue vers le voile du palais : ces francophones font alors la distinction entre patte et pâtes par exemple.
- ə : si la langue reste dans sa position naturelle comme dans [a] mais la bouche se ferme un peu, alors on prononce le [ə] (qu’on appelle aussi le « schwa »), qui est le « e muet » du français, comme dans je suis [ʒəsɥi] ou tu le donnes [tylədɔn].

Ce son est le premier à disparaître lorsqu’on parle vite : on prononce plus souvent tu l’donnes [tyldɔn] que tu le donnes [tylədɔn]. Mais le français parlé dans le sud de la France est connu pour laisser ces schwas un peu partout – mais pas n’importe où, seulement à des endroits bien définis par une grammaire interne au français méridional : par exemple, dans cette variété de français, [myʁə] avec un « e muet » final peut désigner le fruit, la mûre, mais ne peut pas désigner « un fruit mûr », qui se prononce [myʁ] sans voyelle finale.

==Cette voyelle centrale est très courante en français, mais peu courante dans les langues du monde : il est possible que les apprenants aient des difficultés à l’entendre et à la reproduire.
- e et ɛ : le français possède 2 voyelles moyennes antérieures, pour lesquelles la bouche est moyennement ouverte, lèvres étirées, et la langue tend vers le palais. Ces deux voyelles se prononcent l’une avec la bouche un peu plus ouverte (ɛ) que l’autre (e) : elles permettent de faire la différence entre été [ete] et était [etɛ] par exemple.

==Ces deux voyelles risquent d’être régulièrement confondues par les apprenants, qui ne percevront pas la différence entre elles et auront donc des difficultés à la reproduire.

==Certaines langues ne possèdent aucun de ces deux sons, qui seront alors confondus avec d’autres qui existent dans la langue des apprenants : par exemple, chez les arabophones (dont le système vocalique ne possède que 3 voyelles : i, a et u), [e] sera confondu avec [i] et [ɛ] avec [a].

==Graphiquement, /e/ et /ɛ/ ont des orthographes assez variables : <e> (pelle), <é> (été), <è> (mène), <ê> (être), <et> (tabouret), <ai> (fait)…
- ø et oe : le français possède 2 voyelles moyennes antérieures arrondies, c’est-à-dire qu’on les prononce comme /e/ et /ɛ/, mais avec les lèvres arrondies : /oe/ comme dans beurre, où les lèvres sont un peu plus ouvertes, et /ø/ comme dans bleu, où les lèvres sont un peu plus fermées.

==Ces deux voyelles représentent deux difficultés pour les apprenants : d’abord, elles sont très difficiles à entendre et à distinguer des autres voyelles ; ensuite, elles sont difficiles à distinguer l’une de l’autre. Elles devront certainement faire l’objet d’un apprentissage particulier.
- o et ɔ : le français possède aussi 2 voyelles moyennes postérieures, qu’on prononce avec la bouche légèrement ouverte mais les lèvres arrondies et la langue près du voile du palais. Ces deux voyelles se prononcent l’une avec la bouche un peu plus ouverte (ɔ) que l’autre (o) : elles permettent de faire la différence entre Paul [pɔl] et pôle [pol] par exemple.

==Ces deux voyelles risquent d’être régulièrement confondues par les apprenants, qui ne percevront pas la différence entre elles et auront donc des difficultés à la reproduire. Il est aussi possible que certains confondent [ɔ] (molle) avec [a] (malle).

 Graphiquement, /o/ et /ɔ/ sont certainement les deux sons qui ont les orthographes les plus variables : <o> (bonne, bonnet), <au> (Laure, chauve), <eau> (chapeau), sans compter toutes les consonnes muettes qui s’y ajoutent (<ot> comme dans flot ou cachalot, <aux> dans les pluriels de -al, etc.).
- i : le français possède une voyelle haute antérieure, qu’on prononce en ayant la bouche étirée et la langue proche du palais. Cette voyelle est une des plus répandues au monde et ne devrait pas poser de problème aux apprenants.
- y : le français possède une voyelle haute antérieure arrondie, qu’on prononce comme le /i/, mais avec les lèvres arrondies, comme dans tu, hutte, hurluberlu…

==Cette voyelle est peu répandue dans les langues du monde et difficile à entendre et reproduire pour les apprenants, qui la confondront presque certainement avec [i] (ou éventuellement [u]).
- u : le français, enfin, possède une voyelle haute postérieure arrondie, qu’on prononce la bouche presque fermée, en rond, et la langue vers le voile du palais : le [u], écrit <ou>, comme dans chou. Cette voyelle est une des plus répandues au monde et ne devrait pas poser de problème aux apprenants.

 Le français possède, de surcroît, 3 à 4 voyelles nasales, c’est-à-dire où l’air passe par le nez en plus de la bouche :

- ɑ̃ : comme dans banc [bɑ̃], est un [ɑ] qu’on prononce en laissant passer l’air par le nez en plus de la bouche ;
- ɔ̃ : comme dans don, est un [ɔ] qu’on prononce en laissant passer l’air par le nez en plus de la bouche ;
- ɛ̃ : comme dans brin, est un [ɛ] qu’on prononce en laissant passer l’air par le nez en plus de la bouche ;
- oẽ : comme dans brun est un ɛ̃ qu’on prononce en arrondissant les lèvres, mais il n’est pas utilisé par tous les francophones : beaucoup d’entre nous ne font plus la distinction entre les sons dans brin et brun ou dans empreint et emprunt.

==Les voyelles nasales comme ɑ̃ (dans), ɔ̃ (don), ɛ̃ (brin) et oẽ (brun) seront, pour les apprenants, particulièrement difficiles à discerner – et encore plus à reproduire – 1) de leur contrepartie orale (ɑ, ɔ, ɛ et oe) d’une part, 2) et les unes des autres d’autre part.

==Les voyelles nasales risquent aussi de poser un problème d’apprentissage de la graphie, car [ɑ̃] peut s’orthographier <an> comme dans manger, mais aussi <en> comme dans vent et surtout [ɛ̃] peut s’orthographier <in> (lin), <ein> (geindre) <ain> (plaindre), et aussi <en> (chien).
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