La place du complémentiseur dans le modèle génératif

La place du complémentiseur dans le modèle génératif


La place du complémentiseur dans le modèle génératif


Deux hypothèses peuvent être formulées à propos de la place que le complémentiseur occupe dans le model génératif :

• 1ère hypothèse : Le complémentiseur est le résultat d’une règle transformationnelle.
• 2ème hypothèse : Le complémentiseur est le résultat d’une règle de réécriture.

Il existe des arguments qui permettent de retenir 2ème hypothèse et de rejeter la 1ère.

a) Pierre ne sait pas si Marie Viendra. (P2 est interrogative.)
b) Pierre ne sais pas que Marie viendra. (P2 est déclarative)

Les phrases (1a) et (1 b) ont une même structure profonde il en est de même pour les phrases (2a) et (2b)

1 c) : [P1Pierre demande [P2Marie Viendra]]
2 c) :[P1Pierre ne sais pas [P2Marie Viendra]]

Si une transformation ajoute à la structure profonde un élément phonétiquement plein, celui ne peut être que sémantiquement vide. Or les complémentaires « que » et « si » ne sont pas sémantiquement vide, puisque d’une part 1a et 1b n’ont pas le même sens et d’autre part 2a n’a pas le même sens que

2b. Donc l’hypothèse première n’est pas adéquate.

(cas des infinitives)
5a : [P1Paul pense [P2 Paul viendra] ]
6 a : [P1Paul pense [P2 Paul venir] ]
5 b :[P1Paul pense [P2 qu’il viendra] ]
6 b :[P1Paul pense [P2 venir] ]
6 c :* [P1Paul pense [P2que venir] ]➔si le complémentiseur est sémantiquement vide pourquoi ne pas le garder or c’est non attesté.

La transformation d’insertion de « que » ne peut opérer que dans le cas de 5b. Pour éviter 6c, il faudrait une règle qui lie la transformation en question à l’élément temps (C-à-d à la forme conjuguée du verbe subordonné « venir ». Autrement dit la règle en question dira que le complémentiseur ne peut être inversé qu’en tête de proposition dont le verbe est conjugué Cette solution n’est pas adéquate pour deux raisons :

• Une règle qui montre que la présence d’un élément est conditionnée par celle d’un autre est une règle de sous-catégorisation et non une règle transformationnelle.

• Il existe dans la langue des phrases infinitives introduites par un complémentiseur.
Exemple :
*Paul se demande où aller.
*Je ne sais quoi faire.
*Marie a trouvé une amie à qui se confier.

Il existe dans la langue des verbes dont le complément phrastique peut être introduit soit par « que » soit par «si » ; alors que d’autres n’admettent que des compléments phrastiques introduits par « que» ou par « si » .
Exemple :
• Je demande si Marie viendra
Que Marie viendra

• Je crois que Marie viendra
*si i Marie viendra

• Je veux savoir *que Marie viendra
si i Marie viendra

Etant donné que les complémentaires sont introduit dans la base. BRESNANE et CHOMSKY postulent que dans l’indicateur syntagmatique, chaque noeud est précédé d’un élément abstrait universel «COMP» : P¯ ➔comp + P (P¯ ou P’)

Considérons les phrases suivantes :
1) Le livre que Marie m’a prêté est intéressant.
2) Marie demande à qui Pierre a empreinte ce livre.
3) Marie demande si Pierre alu ce livre.
4) A qui Marie-t-elle parlé ?
5) Marie a-t-elle lit le livre ?
6) Pierre pense que Jean est malade.
7) Jean est malade.

Pour que la grammaire engendre des relatives, des interrogative avec ou sans l’élément « qu », des propositions, affirmatives enchâssées ou non, on pose la règle de réécriture suivante : Comp➔prép + SN±qu

Chomsky « On pose la condition qu’aucun item lexical ne peut être inséré dans le complémentiseur par des règles de base. C.-à-d qu’on exige que la suite terminale dominée par « Comp » dans la base soit nulle »

La montée de sujet :
L’exemple de « sembler »

1-a) [Pierre semble [avoir réussi ce projet ] ]
b) [Il semble [que Pierre a réussi ce projet ] ]

2-a) [Jean s’est avéré [ être un doux rêveur] ]
b) [Il s’est avère [que Jean étant un doux rêveur] ]

La règle de montée de sujet dérive des phrases telles que (1a) et (2a) de structures sous-jacentes analogues à (1b) et (2b). Les linguistes générativiste ne s’accordent pas sur la façon dont il faut formuler la règle montée de sujet en position de sujet, trois propositions sont avancées :

• 1ère proposition est celle de Rosembaum dans son article apparu en 1967 « the grammar of English prédication compléments constructions » :
[[Pierre avoir réussi ce projet] semble] (Pierre avoir réussi ce projet = sujet phrastique)

Un verbe tel que « sembler » a un sujet phrastique en structure profonde. Ce sujet phrastique (une complétive) est soumis à la règle d’extraposition qui dérive (1b) et (2b). Ensuite la règle de montée de sujet en position sujet phrastique ; et par un déplacement de droite à gauche substitut le syntagme nominal sujet de la complétive au sujet principale qui est un élément postichelaissé derrière par l’application de la règle d’extraposition. Considérons la structure profonde proposée pour 1 après extraposition :

3-a) [[Pierre avoir réussi ce projet] semble]
b) [ semble[Pierre avoir réussi ce projet]]➔L’application de l’extraposition

Puis la montée de sujet de P2 vers la position de sujet P1. Le rôle de cette règle est de déplacer le sujet subordonné « Pierre » vers la position vide du sujet du verbe « sembler ». Ce vide est dû à l’extrapolation du sujet phrastique. Le résultat de cette transformation est donné en (3c)
[Pierre semble [avoir réussi ce projet]]

Remarquons que si la montée de sujet ne s’applique pas, le est remplacé par le pronom impersonnel « Il » et le verbe de la subordonnée est obligatoirement conjugué ; c’est ce qui engendre la phrase (1b).

• La 2ème proposition (celle de Postal) est d’accord avec 1ère pour attribuer aux verbes de type «sembler » un sujet phrastique en structure profonde. Elle en diverge par le fait qu’elle considère la règle d’extraposition et la règle de montée de sujet comme deux processus indépendants. Ainsi selon cette proposition, l’application de la montée de sujet ne dépend de la règle d’extrapolation. La règle de montée de sujet qui s’applique à la structure profonde consiste en deux opérations : substitution et attachement

• substitution du sujet subordonnée au sujet de la principale

• Attacherez du reste de la proposition à la droite du syntagme verbale principal.
Le rôle de cette opération d’attachement est de attacher le reste de la complétive. C.-à-d avoir « réussi défaire » à droite du verbe « sembler »

Le 3ème proposition diffère des 2 précédentes par le fait qu’elle attribue une structure profonde différente des ph dans lesquelles on rencontre des V de type » sembler » . Cette proposition est avancée d’une part par GROSS 1968 et d’autre part par RUWET 1972. Selon ces linguistes, une structure profonde telle que :

« Jean avoir réussi à faire le travail semble » n’est pas justifié

La structure des phrases dans lesquelles entrent les v de type « sembler » est la même que la structure superficielle des PH suivantes :

1) Il semble que jean a réussi à faire le travail.
2) Il s’est avéré que Jean est un tricheur

== semble XYZ (X YZ = Ph)
1) La question de rapport entre la règle d’extraposition et la montée de sujet ne se pose pas. En d’autre terme, ce genre de structures ne constitue pas le domaine de règle d’extraposition de p2 car celle-ci est déjà à droite du verbe principal c’est-à-dire de « sembler» structure profonde. La règle de monté de sujet a le même rôle que dans la

1ère proposition c’est-à-dire qu’il s’agit d’une règle qui déplace un sujet de sub de droite à gauche et le substitue à un sujet principe vide. Ainsi pour dériver la de surface :« jean semble a réussi à faire le travail. »

La règle s’applique à la Structure Pro :semble Jean avoir réussi à faire le travail (XYZ)
Et où le = position vide du sujet principal. Cette structure sert d’Input à la règle de montée de sujet qui permet d’avoir la phrase de départ.

De fait la règle de la montée a la forme suivante :


GROSS et RUWET ont retenu cette 3ème solution. Ils estiment que le choix de cette SP permet d’avoir une SP moins abstraite et plus proche de la S de S. Elle permet d’avoir des cadres tels que

A➔ V [SN_X] Y ou B➔[SN P] V X

Il existe des arguments qui militent en faveur de A donc de la 3ème proposition :

Les divers prédicats dont la structure superficie est « Il. . . que P » se répartissent en 2 groupes :
a) Etre probable, être évident, être difficile à, être possible, être étrange, advenir à, convenir à,. . .
b) Sembler à SN, Paraître à SN, s’avère, se révéler, se trouver, falloir, s’agir de, être question de, être temps, se pouvoir

Les verbes appartenant à l’ensemble (a)et ceux à (2) se distinguent par un ensemble de caractéristiques que l’on va présenter Ci-dessous :

• Les verbes le l’ensemble (2) se distinguent de ceux de (1) par le fait qu’ils n’admettent pas un sujet phrastique en surface. Ex : Que Jean ait pu commettre une telle erreur est étonnant.
Il est étonnant Que Jean ait pu commettre une telle erreur.

*Que marie soit partie me semble➔Il me semble que Marie est partie (* non attestée)

*Que Luc ait trompé son ami s’est avéré ➔ Il s’est avéré que Luc a trompé son ami.
Pour rendre Compte du fonctionnement syntaxique donné en (1) et (2), on peut adopter l’une des trois solutions suivantes :
Attribuer à tous les verbes de (a) et (b) la structure profonde. B➔[SN P] V X et marquer ceux de (2) par le trait de règle extraposition obligatoire ce trait de règle permet dans le cas des verbes de types « sembler » de ne pas avoir des structures incorrectes du type : « *Que marie soit partie me semble » .

• Attribuer au groupe des verbes (1) et (2) «  V P » et marquer les derniers d’un trait de règle « intra-position interdite ». Cette règle permet de ne pas avoir, dans les verbes de type « sembler », des structures dans lesquelles le sujet du verbe principal est une proposition.


• Cette règle permet de différencier les deux groupes de prédicats au niveau de la Profonde en leur attribuant, respectivement les traits de sous catégorisation stricte

Remarque :
Le terme intraposition est l’inverse de l’extrapolation, Ce terme est dû à EMONDS 1972 « a reformulation of certain syntaxic transformations ». EMONDS pense que les complétives n’apparaissent jamais dans des positions de S.N sujet en SP. Elles sont, toujours engendrées à la droite du S.V.

➢ L’occurrence de complétive en position » sujet » est due à l’application d’une règle d’interposition
[+ P__ ] ou [+__ ]
[P1__ [m’intéresse que Jean porte tôt]P2]
[P1__déplaît au patron [que la secrétaire s’absente]P2]

Rem : On peut faire la substitution de toute la P2 et non pas la substitution de sujet de P2

Après intraposition on aura :
[P1[que la secrétaire s’absente]P2déplaît au patron]

• Dans la 2ème catégorie de verbes on trouve des changements (absence ou présence, facultative ou obligatoire de préposition

Exemple de cas d’obligation : __ Il me plaît d’apprendre les maths.

Dans le cas des prédications de la liste (1), lorsque le sujet de la complétive extraposée est effacée, le SV résultant est obligatoirement précédé du subordonnant « de » .
[P1[que Marie apprenne à danser ]P2 me plaît]
[P1 il me plaît [que Marie apprenne à danser]P2]

Après effacement de sujet extraposé le verbe se convertit vers l’infinitif : Apprendre à danser me plaît.

• Le subordonnant peut être soit la préposition « de » soit Ø
Il me plaîtd’apprendre à danser


• Si la complétive dont le sujet effacé est COD, le subordonnant qui précède l’infinitif est parfois obligatoirement « de » dans le cas d’extrapolation, parfois obligatoirement Ø, et parfois le choix entre les deux.
Exp :
(1) [P1Jean craint [que Luc le trahisse]P2] P2=COD
Pour que P1 et P2 aient le même sujet on fait la passivation :
[P1Jean craint [qu’il soit trahi par Luc ]P2]

Puisque S1=S2 on efface le S2, ainsi le verbe sera à l’infinitif :Jean craint d’être trahi par Luc
(2) [P1Marie adore [que Jean la taquine]P2] P2 = COD
[P1Marie adore [d’être taquinée ]P2] ou [P1Marie adore [être taquinée ]P2]
(3) [P1Je veux [ travailler ]P2]et pas [P1Je veux [* de travailler ]P2]

Le verbe « sembler ». ainsi que les verbes appartenant a sa liste permettent dans certains cas l’effacement au sujet subordonné.
Exp :[P1Il me semble [ que Pierre s’est évanoui ]P2]
[P1Pierre me semble [ s’être évanoui ]P2]

En ce qui concerne le choix du subordonnant « sembler » et « paître « ne se comporte pas comme

Les verbes cités dans l’ensemble 1 mais plutôt comme vouloir croire et estimer. Cela constitue un argument contre les 2 premières propositions (celle de postal) qui veulent dériver les phrases avec

Sembler et paraître au moyen d’extraposition dans application de la montée de sujet. Ces hypothèse 1et 2 doivent traiter le verbe sembler comme exceptionnel non seulement du point de vue de l’extrapolation mais aussi du point de vue de l’insertion ou l’effacement du subordonnent « de »


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