L’analyse du spectacle

L’analyse du spectacle

LE SPECTACLE


L’analyse du spectacle

Un spectacle est d’abord un moyen de raconter des histoires mises en forme pour s’adresser à un public. Un spectacle propose plusieurs niveaux de langage par le biais de la mise en scène, de la scénographie, du jeu des comédiens, des dialogues, etc. Les éléments d’analyse d’un spectacle varient selon le type de théâtre auquel on assiste : le théâtre classique de répertoire proposant une trame narrative et une unité de sens ou le théâtre contemporain proposant une vision fragmentaire et multipliant les entrées possibles. Une grande liberté caractérise la scène actuelle. Le théâtre peut être abstrait, ou représenter le réel, susciter la réflexion, éveiller les consciences ou faire naître des émotions.

L’histoire

L’histoire mise en scène n’est plus forcément basée sur du texte. Puisée dans le répertoire classique, créée par un auteur ou produite par un travail de plateau, l’histoire racontée peut être fictionnelle, réelle (théâtre documentaire, récit, faits historiques) ou mixer les deux genres.

On distingue aujourd’hui deux orientations dans le théâtre contemporain :

• Le texte précède la mise en scène.

Dans ce cas, le texte, les personnages et la fiction restent à la base du travail scénique, et cela même si le texte est déstructuré, les personnages disloqués, la fiction mise en doute. Le métier d’auteur, aujourd’hui, subsiste, même si les textes dramatiques, toujours destinés à la représentation théâtrale, ne sont pas toujours publiés. Certains ne sont donc pas accessibles à la lecture pour une préparation en classe.

• Le texte ne précède plus la mise en scène.

Le metteur en scène travaille selon le procédé d’écriture de plateau : le spectacle est créé sur le plateau et n’est pas préalablement écrit. L’écriture s’entend au sens large et n’est pas exclusivement textuelle, mais aussi et surtout, scénique. Le travail collectif est privilégié : les comédiens sont engagés dans le processus de création et composent leur personnage.


La forme

Aujourd’hui, la mise en scène et la scénographie (décor, son, lumière) sont des éléments primordiaux du spectacle. Avec ou sans texte, l’organisation de l’espace scénique prime. La mise en scène est conçue comme un véritable acte de création des signes de la représentation théâtrale. L’espace lui-même et les circulations sont des éléments de l’histoire. Un ensemble de technologies (vidéo, projection) contribue à la dramaturgie, et multiplie les possibilités de sortir du texte. Le metteur en scène est souvent assisté d’un dramaturge qui, lorsqu’il y a un texte, étudie les possibilités scéniques qu’il contient. Quand il n’y a pas de texte, le dramaturge aide le metteur en scène à agencer, formaliser, retranscrire ses idées sur l’espace scénique.

➤ annexe 3 : Exemples de notes dramaturgiques

La scénographie peut avoir une fonction métaphorique. Elle pose sur scène des signes que le spectateur doit interpréter, qui complètent ou prolongent en quelque sorte le jeu de l’acteur, le texte et l’action. Les éléments de la scénographie ouvrent et multiplient les possibilités de réception sensible et intellectuelle de la pièce.

L’objet, dans ce cadre, tout comme le décor ou le costume, peut dépasser sa fonction d’accessoire référentiel, renvoyant le spectateur à une réalité extérieure, et prendre une place prépondérante et symbolique. Ces symboles renvoient alors à des sentiments, des notions propres à l’histoire (symboles de pouvoir, de tristesse, etc.).

Le jeu du comédien n’est plus soumis aux mêmes règles qu’auparavant. Il n’est plus tenu de faire totalement illusion et navigue entre la subjectivité et l’objectivité, la représentation de soi et la représentation de « l’autre ». Tout est à la fois fictif et réel. Dans cette perspective, le corps du comédien est central. Comme dans la performance, il est parfois mis en danger ou exposé. Et c’est bien grâce à ce corps que l’action peut avoir lieu.

Le jeu du comédien : entre illusion et réalité
Dans l’Antiquité et selon Aristote, la mimésis permet de rendre l’action vraisemblable et d’offrir au spectateur une possibilité d’identification. Au XVIIIe siècle, Diderot remet en question la mimésis et écrit Le paradoxe sur le comédien. Selon lui, la plus grande qualité du comédien est de ne pas ressentir les émotions qu’il exprime sur scène. A la fin du XIXe siècle, Stanislavski estime que le comédien doit ressentir les émotions du personnage tout en les maîtrisant. Cette notion de vraisemblance est ensuite à nouveau remise en cause. Chez Meyerhold, le comédien ne doit pas se
laisser emporter par ses émotions et le spectateur doit puiser dans son imaginaire. Brecht invente ensuite le concept de distanciation : le spectateur doit savoir qu’il n’assiste pas à la réalité pour pouvoir être libre de penser. Le jeu du comédien, à travers ces diverses conceptions, passe de l’illusion au réel. Chez le spectateur, cela engage soit une identification, soit une distance objective.

Tous les éléments agencés par le metteur en scène ne forment plus forcément un tout mais peuvent être présentés de façon fragmentaire. La forme narrative et linéaire peut être substituée par la présentation de tableaux qui permettent de faire des allers-retours dans le temps et l’espace. La recherche du sens n’est plus une nécessité. La création théâtrale cherche à traduire des impressions, des émotions, et à traiter d’une thématique de façon sensible.

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