La diffusion des œuvres

La diffusion des œuvres

La diffusion des œuvres


La diffusion des œuvres est souvent très défectueuse. D'un bout à l'autre du Maghreb même la circulation des livres se fait mal ou pas du tout. A l'intérieur de chacun des pays cette diffusion est loin d'être excellente.

Certains ouvrages en Algérie même mettent parfois cinq ou six mois avant d'être distribués après être
sortis de l'imprimerie. La circulation se fait aussi mal entre le Maghreb et l'Europe : manque de devises pour importer les livres publiés en France, interdiction de tel livre jugé subversif ou trop critique ou soi-disant donnant une mauvaise image du pays, selon les raisons avancées par les
instances officielles, etc. Les œuvres publiées au Maghreb même ne franchissent la mer qu'au compte gouttes (mauvaise organisation du marché, livraisons impayées, ouvrages mal édités ne supportant pas la concurrence, etc.).

En France même certains éditeurs qui publient pourtant ces œuvres ne sont pas diffusés ou mal.
Quant aux ouvrages à compte d'auteur ils ne sont en général pas diffusés du tout. Pour bien des raisons ce sont toujours les mêmes auteurs qui sont connus et édités. Ce sont aussi pratiquement les mêmes qui sont traduits dans diverses langues de par le monde, de même que ce sont les mêmes qui sont traduits en arabe : quelques-uns seulement sur les 263 romanciers et romancières recensés. Ne parlons pas des recueils de poèmes dont la plupart passent inaperçus, sauf sans doute en Algérie même ceux édités par l'ENAL.

Les Prix littéraires décernés en Algérie depuis 1962 ont connu bien des vicissitudes. Mais il faut mettre en lumière le mérite de Noureddine Aba qui avec sa Fondation N. Aba (1990) a distribué en Algérie même trois Prix en novembre 1991 à Tahar Djaout, Mounsi et Malika Mokeddem. En France même plusieurs Prix prestigieux ont été décernés, dont un Goncourt, qui valorisent la renommée des auteurs couronnés. La réaction de la presse au Maghreb est souvent de vitupérer « l'Arabe de service », « récupéré » par la Francophonie ; d'autres fois on s'en réjouit cependant. Mais quand les auteurs du Maghreb n'obtiennent pas de Prix on dit facilement : c'est « de la discrimination », « du racisme », etc., sans parler des jalousies et des rivalités, selon l'humeur des journalistes ou d'écrivains
qui attendent... le Nobel.

La diffusion c'est aussi le retentissement de cette littérature maghrébine. Un large tour d'horizon montre qu'elle est connue dans des Centres d'Etudes francophones, des Universités et des Centres culturels : en France où elle est la plus lue, Grande-Bretagne, Belgique et Pays-Bas, Allemagne et Autriche, Italie, Espagne, Pays scandinaves, Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, Russie, Yougoslavie. En Amérique : Canada, Etats-Unis, Mexique. En Extrême-Orient : Japon, Australie. En Afrique noire : Cameroun principalement. En Afrique du Nord : Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie. Au Proche-Orient : Egypte, Liban. En Inde également. L'internationalisation de la connaissance et des enseignements de la littérature maghrébine de langue française est manifeste.

On peut même bien dire que les oeuvres sont plus lues à l'étranger qu'au Maghreb même. Naturellement les publics les plus divers sont en France et en pays francophones ; d'ailleurs ce sont surtout des publics universitaires. Connaissant la langue française, ces publics-ci veulent sortir des œuvres de l'hexagone pour s'ouvrir à d'autres horizons. Même si les auteurs sont parfois vus
au Maghreb comme du « parti français », leurs œuvres sont à mettre au compte de leurs pays, étant pour ainsi dire les ambassadrices du Maghreb dans le monde par le biais de la langue française ou de nombreuses traductions. La dynamique actuelle de la Francophonie sert ces œuvres dans leur retentissement mondial.
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