Analyse selon la théorie du complémentiseur : exercice et comment répondre


Analyser selon la théorie du complimenteur la phrase suivante :

Je lis le livre que j’ai acheté hier.


La réponse:

Introduction :


La composition de la phrase complexe par subordination se fait à l’aide de subordonnants ou conjonctions de subordinations. Ceux-ci sont appelés ‘complimenteurs’ dans la grammaire générative .Un complimenteur est un élément permettant de relier deux propositions , une proposition (rectrice ) à une autre (régie ).Il occupe la position de tête fonctionnelle nominalisant une proposition subordonnée.

Selon les générativistes l’origine des complimenteurs est une constatation de parenté morphosyntaxique entre les pronoms relatifs et interrogatifs. En fait les deux servent d’input à des propositions relatives et interrogatives ,autre leur rôle de conjonctions. Les deux exemples illustrent cette ressemblance :
1. Le livre qui se trouve sur le bureau est à moi .
2. À qui est ce livre sur le bureau ?

Deux hypothèses sont formulées pour expliquer la place du complémentiseur ,l’une stipule qu’il est à l’origine d’une règle de transformation et l’autre pose qu’il émane d’une règle de réécriture ,mais seule cette dernière hypothèse est valide.

Notre travail est d’analyser selon le paradigme des complimenteurs la phrase : P 1 : Je lis le livre que j’ai acheté hier. Cette phrase se présente sous forme d’une structure de surface, qui selon le modèle génératif est le résultat de transformations syntaxiques.
Elle est une phrase complexe ,formée de deux propositions :
P 1 : je lis le livre.
P 1 : J’ai acheté le livre hier.

Selon Richard Kayne toute phrase est précédée par un élément abstrait noté COMP d’où la règle de réécriture suivante :

P========= COMP + P’

 Procédons maintenant à la délimitation des frontières des propositions constituant notre phrase ,à l’aide de crochets :

1. [P’1[P1 Je lis le livre [P’2 que [P2 j’ai acheté hier.P2] P’2] P1] P’1]

La structure de surface de la phrase en question peut être réécrite comme suit :

2. [P1Je lis le livre P1] [P2 j’ai acheté le livre hier.P2]

Du moment que la proposition enchâssée (que j’ai acheté hier) est une relative ,elle est régie par deux sortes de transformations :

1-Placement de l’élément qu-,
2-Déplacement de l’élément marqué +qu

La première transformation s’applique sur une structure d’entrée ayant la forme :SN1 V SN2 Elle affecte le trait {+qu} au syntagme nominal complément d’objet direct du verbe subordonné acheter ,lequel syntagme est coréférentiellement identique au COD du verbe principal. Le résultat de cette transformation est la structure suivante :

1. [P1Je lis le livre P1] [P2 j’ai acheté le livre hier.P2]
                                                                + qu

La seconde transformation à savoir le déplacement de l’élément marqué +qu fait apparaître le constituant en question en tête de P2 :

2. [P1Je lis le livre P1] [P2 le livre j’ai acheté hier.P2]
                                    + qu

Étant donné que l’élément marqué +qu est sous-catégorisé [-humain, objet inanimée], il est réalisé par ‘’que’’.

Puisque la structure (P2) contient deux syntagmes nominaux identiques, la substitution du syntagme redondant par un élément pronominal est de règle quitte à donner la phrase de départ.

Celle-ci est sous-tendue par la représentation arborescente suivante :
Indicateur syntagmatique de la phrase :


La conclusion 

Pour conclure, on peut dire que la théorie du complimenteur est une invention linguistique exclusive du générativisme, grâce à laquelle on a pu donner une place aussi importante que celle des catégories du verbe et du nom, à celle des complimenteurs, cette portion de subordonnants, vus comme dépourvus de toute incidence syntaxique.
Néanmoins le problème que posent ce genre de morphèmes c’est leur nature protéiforme ce qui amène parfois à ce qu’on les confond à l’absence de critères fiables pour les distinguer.

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