Le XIXe siècle: Tendances générales

Le XIXe siècle:  Tendances générales


Le XIXe siècle: 

 Tendances générales :


À partir de la Révolution de 1789, un siècle durant, des bouleversements profonds, générateurs de crises, de révolutions et de coups d'État (1789, 1848, 1851, 1871), remodèlent la société : fin des privilèges d'Ancien Régime, accession de la bourgeoisie au pouvoir, naissance du prolétariat ouvrier. Ils transforment les pratiques politiques et l'économie. Les modifications sociales suscitent des modifications idéologiques : la domination de la noblesse est remplacée par celle des notables, l'idéologie aristocratique n'est plus qu'une nostalgie, remplacée par une idéologie bourgeoise fondée sur la croyance au progrès, au profit, à la morale.



Extension massive de l'instruction


Le XIXe siècle est le temps de l'alphabétisation généralisée des Français (création des lycées par l'Empire, réglementation scolaires de 1833 et 1849, loi Jules Ferry de 1883 qui institue l'École primaire, laïque, gratuite et obligatoire).
L'éducation dispensée dans les lycées privilégie l'enseignement littéraire ; mais le XIXe voit une expansion générale de la notion même de sciences. Toutes les disciplines progressent et chaque branche du savoir tend à se constituer en une science autonome. Une connaissance de type encyclopédique n'est plus possible pour un individu. Le développement des sciences exactes influe sur la pensée philosophique, où les systèmes matérialistes et scientifiques se renforcent.



Nouveau public, nouveaux moyens de diffusion


L'institution littéraire va s'adapter dans une société nouvelle à un public grandissant alors qu'elle s'est écrite, jusque-là, dans et pour un milieu de privilégiés. Ce nouveau public, néanmoins, n'est pas sans culture, mais n'a ni les loisirs, ni les moyens financiers, ni la formation poussée qui permettent
un accès direct à la culture savante.

Ses besoins seront comblés par une diffusion massive, notamment de romans de grande série, et par la presse qui devient un moyen culturel incomparable. Son emprise sur le public peut se voir, par exemple, au fait que les penseurs ou hommes politiques issus du journalisme sont de plus en plus nombreux au cours du siècle.

En 1835, Émile de Girardin crée La Presse, premier journal à grande diffusion à un prix très modeste ; il y fait une part à la littérature avec le roman-feuilleton. C'est par le journal que des romanciers aussi variés et aussi prestigieux que Balzac, Dumas, Sue ou Flaubert diffusent nombre de leurs oeuvres. À partir de 1870 les innovations techniques permettent un tirage massif (300.000 ex.), les revues et les magazines se multiplient en direction de publics spécifiques.

Après avoir favorisé le roman réaliste, le journal pousse à une séparation des fonctions : l'information sur le monde devient le fait proprement journalistique, tandis que la partie littéraire du journal donne dans la fiction d'évasion et l'idéalisation stéréotypée. L'authentique création littéraire n'y a alors plus sa place.



Un nouveau statut pour l'écrivain.


Avec l'Ancien Régime disparaît le mécénat : en conquérant la reconnaissance des droits d'auteur et la possibilité de vivre de leur plume, les écrivains ne sont plus contraints de confondre leur pensée et les aspirations de la classe dominante. Mais ils tombent alors dans la nécessité de traduire les aspirations collectives, ou de se rattacher à un public particulier, et se soumettent par là aux lois du marché commercial qui les cote comme des valeurs en bourse. Ce système consacre le triomphe du roman, et pousse à la marginalisation les poètes les moins adaptables.

La place des écrivains dans la société est néanmoins loin d'être négligeable : qu'ils soient considérés comme des faiseurs d'opinion, des leaders politiques (Lamartine), voire des symboles vivants comme Hugo, une collectivité se reconnaît en eux. L'école d'ailleurs contribue à forger dans les mentalités l'image de l'« écrivain grand homme ».



Une époque difficile à vivre.


La situation des écrivains et des artistes est cependant paradoxale : ils sont admirés, mais en même temps tenus pour suspects par une bourgeoisie qui recherche d'abord le divertissement et l'ordre moral. Ainsi, lorsqu'ils prennent la défense d'idéaux politiques ou humanitaires, les auteurs constatent le clivage entre leurs aspirations et la réalité observée, leur désir d'action efficace et
l'impuissance à laquelle ils sont réduits, la générosité individuelle et l’égoïsme des classes au pouvoir. Cette contradiction est violemment ressentie par ceux qui refusent de se conformer à l'idéologie bourgeoise établie, et leurs œuvres s'imprègnent de pessimisme. Ils ont le sentiment d'être incompris, se sentent isolés, et tendent à former entre eux un milieu clos. Ils privilégient
l'expression de leur angoisse devant la vie, ce qui constitue un lien profond entre des mouvements divers et complexes, que leurs principes esthétiques semblent séparer.

Ce mal de vivre ou mal du siècle, en germe dans le rousseauisme, trouve sa pleine expansion chez les Romantiques (Musset, Nerval), se prolonge avec le spleen de Baudelaire et, à la fin du siècle, dans les attitudes décadentes ou symbolistes. Même les récits réalistes en portent l'empreinte.

Mal du siècle : toute une génération, déçue dans ses rêves de grandeur après la chute de l'Empire, se reconnaît dans le René de Chateaubriand. Le mal de René deviendra le mal du siècle. L'âme, avide d'infini, assoiffée d'absolu, souffre des limites que lui impose la destinée terrestre. Le coeur est empli de passions violentes que rien sur cette terre ne saurait combler. C'est le « vague des
passions », tel que le décrit Chateaubriand : « L'imagination est riche, abondante et merveilleuse, l'existence pauvre, sèche, désenchantée. On habite avec un coeur plein un monde vide. » L'humeur est sombre et cultive volontiers la mélancolie. POTELET

Ainsi le XIXe siècle est marqué par des contradictions qui s'affrontent parfois dans la conscience d'un même individu. On y a le sentiment de vivre une époque de bouleversements sociaux, riche d'espoir en un progrès collectif (technique, économique, politique...). Mais les déceptions et l'ennui
devant la platitude de la réalité quotidienne poussent les artistes et une partie du public à se tourner vers le passé historique ou individuel, l'idéal, la religion ou les tréfonds du psychisme. Cette quête des valeurs où l'individualité puisse trouver son épanouissement et ces inquiétudes sont perceptibles tout au long du siècle et se feront encore sentir au XXe. 
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