Goût pour l'antique et genèse du Romantisme (1780-1820)

Goût pour l'antique et genèse du Romantisme  (1780-1820)


Goût pour l'antique

 et genèse du 

Romantisme 

(1780-1820)



1793 Condorcet___Tableau historique des progrès de l'esprit humain

1802-1809 Chateaubriand___Le Génie du Christianisme, René, Les Martyrs, Atala, Mémoires d'Outre-Tombe

1807 Mme de Staël___Corinne

1810 Mme de Staël___De l'Allemagne

1816 B. Constant___Adolphe


La Révolution qui éclate en 1789 après dix ans de crise économique et politique est largement liée du point de vue idéologique au mouvement philosophique et à un versant du Rousseauisme (instinct guidé par la raison, vertu, déisme, bonheur, justice), qui trouve son aboutissement dans La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Tout en affirmant le succès des vues et aspirations
de la bourgeoisie, elle porte à son apogée une expression artistique nommée de nos jours néoclassicisme.

L'art est alors marqué par le goût du beau à l'antique, et la recherche d'une plus grande mesure et d'une simplification tant dans la peinture et l'architecture que dans le costume féminin. La Grèce et Rome sont à la mode, mais on veut affirmer, à travers ces formes du passé, des valeurs très modernes dont on croit trouver l'origine dans l'Antiquité : simplicité, héroïsme, État, grandeur, Patrie. La littérature elle-même est peu créatrice : André Chénier, guillotiné en 1794, est le seul poète illustre de cette période. Mais les discours des grands orateurs de la Révolution (Desmoulins, Danton, Robespierre, Saint-Just), nourris de rhétorique et d'histoire romaine, sont une forme où le didactisme politique retrouve violence et passion. Parallèlement naissent des journaux plus passionnés encore, et plus populaires comme L'Ami du Peuple de Marat ou Le Père Duchesne de Hébert.

L'Empire (1804-1815) hérite du mouvement néo-classique où il trouve un appui et les guerres napoléoniennes le répandent en Europe avec les idées libérales du XVIIIe.

Le néo-classicisme s'est allié temporairement à ce qui était, en fait, la nouveauté radicale de la fin du XVIIIe : l'esthétique du sublime héritée de Diderot, et l'autre versant du rousseauisme : le sentiment, l'inquiétude, l'étude du Moi. L'influence allemande (Sturm und Drang : Goethe, Schiller) et anglaise, puis le retour en force du catholicisme sous l'Empire, enfin une réaction violente contre tout ce qui rappelle la Révolution, vont aider à cultiver et à transformer en esthétique la violence, le « vague des passions », le surnaturel. Avant le triomphe du Romantisme, diverses recherches en ce sens apparaissent.

* La littérature s'imprègne de violence (Sade), de mélodrame souvent adapté de romans, en particulier du Roman Noir (Lewis, Mary Shelley).

* Le retour aux valeurs nationales et religieuses se traduit par la redécouverte des littératures nationales anciennes surtout celtiques et des mythologies. Par elles s'amorce aussi un retour à l'épopée et un engouement pour toutes les sources nordiques. De nombreuses formes de religiosité se développent assorties quelquefois de mystère et de mysticisme (Swedenborg).

* Une réflexion sur les forces historiques met en valeur l'étude des groupes humains (Volney, Condorcet, Bonald, de Maistre).

* L'expression du mal de vivre est particulièrement nette chez Senancour, Mme de Staël, B. Constant et Chateaubriand.
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