Peut-on répertorier le lexique d’une langue ?

Peut-on répertorier le lexique d’une langue ?


Peut-on répertorier le lexique d’une langue ?




Le lexicologue a besoin de la liste des mots d’une langue et de leur(s) sens.


Question : peut-on se contenter des mots attestés dans les dictionnaires pour définir le lexique d’une langue donnée ?


La réponse est malheureusement négative, comme l’affirme la célèbre lexicographe, J. Rey-Debove :



« En tout état de cause, et quoi qu’en disent les préfaciers, il n’existe pas de dictionnaires de langue dans lesquels le lecteur trouve à coup sûr le mot qu’il cherche. Entre les formes effectivement rencontrées en discours et la nomenclature du dictionnaire le plus riche subsiste un abîme impossible à combler, qui fait du dictionnaire un objet particulièrement décevant. »
J. Rey-Debove, 1971



Le « réel lexicographique » =/=  le « réel linguistique » :


« Les très grands dictionnaires tentent de rejoindre le fonctionnement réel de la langue, mais c’est une course dans laquelle le lexicographe est d’avance battu. »

A. Rey, 1977

Exemples :



1. Mal bouffe, mal-logé

2. Déstalinisation, lepénisation

3. Désamiantage, déboisage

4. Américanophile, anglophile, germanophile, francophile, slavophile

5. Américanophobe, anglophobe, germanophobe, francophobe, slavophobe, islamophobe

6. Antiaméricanisme, antiislamisme

7. raffarinade, chiraquie, mitterrandisme




Les dictionnaires ne peuvent donc pas tout attester.

D’où la nécessité des choix répondant généralement à deux sortes de critères :

Commerciaux (i.e. profil commercial du dictionnaire.

« Fréquence ».


Or comme le souligne à juste titre D. Corbin : « La fréquence est un palliatif à l’impossibilité de l’exhaustivité ». Corbin, 1987



Généralement, la fréquence à laquelle se réfèrent les lexicographes n’est mesurée à partir d’aucun calcul explicite. Elle dépend entièrement de l’intuition du lexicographe :

« C’est la fréquence intuitive. Nous ne disposons pas de méthode plus précise pour juger du lexique, dans les moyennes et basses fréquences ».

J. Rey-Debove





Récapitulation : 

Les dictionnaires, même les plus riches, ne peuvent pas répertorier tous les mots d’une langue.

Le lexique d’une langue est potentiellement infini (aussi étonnant que cela puisse paraître).

Le dictionnaire est un outils indispensable pour la lexicologie, mais il ne saurait constituer l’outils exclusif.

La lexicologie étudie non seulement tous les mots attestés d’une langue, mais aussi tous les mots potentiellement « attestables ».

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