Martinet et le fonctionnalisme

Martinet et le fonctionnalisme


Martinet et le fonctionnalisme



1- Martinet, disciple du CLP :


Le linguiste le plus représentatif de la phonologie praguoise est Martinet qui a développé une théorie qu’il appelle le « fonctionnalisme ».


2- La notion d’économie linguistique :


Martinet pose que la principale fonction du langage qui est celle de la communication, implique la notion d’économie linguistique.

Le langage doit satisfaire aux exigences de la communication et fournir des unités aussi différentes
que possible pour représenter la multitude des concepts exprimables.

Mais le langage obéit aux lois générales des activités humaines et donc à la tendance au moindre effort et cette loi implique l’existence d’un nombre minimum d’unités aussi peu différentes que possible.

Le point central de la doctrine réside dans le concept de la double articulation.

3- La double articulation :


Les langues assument donc ces deux fonctions contradictoires et ceci par le fait qu’elles constituent
toutes des systèmes doublement articulés, c’est la double qui différencie radicalement les systèmes
langagiers des autres systèmes sémiologiques et qui constitue selon Martinet la seule véritable caractéristique universelle des langues.


3-1- La première articulation :


a-Les monèmes :

Elle intervient sur le plan de l’expression et sur le plan du contenu : grâce à elle, un nombre indéfini
d’énoncés est possible à partir d’un inventaire limité d’éléments appelés : monèmes.

Cette articulation concerne la première des deux fonctions externes de la langue : la communication se décompose dans une langue en une multitude de concepts représentés par des signes ou monèmes qui sont les plus petites unités porteuses de sens de la langue. Ils s’ordonnent dans le successif et servent à former les énoncés.

Martinet établit le découpage suivant :

a-1-les monèmes autonomes

Les adverbes sont des monèmes autonomes, car ils peuvent figurer en toutes positions :

C’est ta fête aujourd’hui
C’est aujourd’hui ta fête
Aujourd’hui c’est ta fête.


a-2-les monèmes fonctionnels

Les prépositions sont des monèmes fonctionnels qui servent à articuler sur d’autres monèmes.

Les conjonctions de subordination servent à articuler des énoncés sur d’autres énoncés.

a-3-les monèmes dépendants

Les autres mots de la langue sont dits monèmes dépendants (de leur position dans la phrase, de leurs
relations avec les autres mots de la phrase : nom, verbe, adjectif qualificatif).

Ex : Françoise s’est cassé un ongle hier à la piscine

Françoise : monème dépendant
Casser : monème dépendant
Ongle : monème dépendant
Hier : monème autonome
A : monème fonctionnel
Piscine : monème dépendant


b- Parmi les monèmes, Martinet distingue : les lexèmes et les morphèmes.

b-1-les lexèmes ( ou monèmes lexicaux) : 

Ils constituent des mots à contenu sémantique. leur classe est ouverte : inventaire illimité on peut, sans déstabiliser le système, y introduire de nouveaux mots : ce sont les noms, les verbes, les
adjectifs qualificatifs et les adverbes. Mais aussi : un radical, un affixe (préfixe, suffixe).

b-2-Les morphèmes (ou monèmes grammaticaux ou grammèmes)

Ils ne véhiculent pas un contenu référentiel aussi précis que les lexèmes : les articles, les pronoms, les adjectifs possessifs, démonstratifs, indéfinis ….


Les prépositions, les conjonctions, les désinences verbales ( marques de la conjugaison..).

3-2- La seconde articulation ne concerne que le plan de l’expression.


a- Les phonèmes :

Les formes phoniques, qui représentent la deuxième articulation, se décomposent elles-mêmes en une
succession d’unités distinctives appelées phonèmes qui sont en nombre restreint (une trentaine par langue) et satisfont à la tendance au moindre effort.

b- Le découpage de la chaîne parlée est nécessaire pour faire sens.

Une suite phonique, pour être comprise, doit être découpée en unités de sens. Ce découpage n'est pas
évident, surtout en langue parlée, prenons comme exemple les jeux comme :
-Si six scies scient six cyprès, six cent six scies scient six cent six cyprès.

c- L’analyse en traits distinctifs :

Chacun des phonèmes va être analysé en traits distinctifs (Troubetzkoy)
Cf Tableau.

On ne peut les définir qu’à partir de ce qui les différencie.

Les unités de la langue et plus particulièrement les phonèmes sont soumises à 2 pressions contraires en raison de leur insertion dans le système syntagmatique d’une part et dans les réseaux paradigmatique d’autre part.

c-1-Sur le plan syntagmatique : les pressions assimilatrices.

Les unités voisines exercent sur le phonème une pression assimilatrice. Le phonème /k/ (exemple de Martinet).

Il se réalise de façon différente selon qu’il précède

/u/ dans –couou
/i/ dans –quic-

c-2-Sur le plan paradigmatique : les pressions dissimilatrices.

Les unités qui auraient pu figurer à la même place dans la suite sonore exercent sur le phonème une pression dissimilatrice ; les unités qui font partie de la même classe paradigmatique tendent à se différencier au maximum.

Les pressions dissimilatrices constituent un phénomène de nature diachronique.

Exemple : en anglais to sing / I sang / I’ve sung. Chapeau / château

Exemple : /oe/ et /E/ brun et brin Pâte et patte

d- Phonologie diachronique :

Un changement phonétique n’est jamais isolé.

Un changement affecte le système phonologique tout entier.

La phonologie de Martinet montre que le système entier peut « bouger » et se retrouver dans un autre état phonologique par le biais de ce qu’on appelle la trans-phonologisation :