LA NOTION DE GENRES DRAMATIQUES

LA NOTION DE GENRES DRAMATIQUES


LA NOTION DE GENRES DRAMATIQUES


Sujet de la tragédie, sujet de la comédie


La Comédie diffère en cela de la Tragédie que celle-ci veut pour son Sujet, une action illustre, extraordinaire, sérieuse; celle-là s'arrête à une action commune et enjouée; celle-ci demande de grands périls pour un héros, celle-là se contente de l'inquiétude et  des déplaisirs de ceux à qui elle donne le premier rang parmi ses Acteurs.

Pierre Corneille, Discours de l’utilité et des parties du poème dramatique. 1660


La simplicité tragique


Le poème tragique vous serre le coeur dès son commencement, vous laisse à peine dans tout son progrès la liberté de respirer et le temps de vous remettre, ou s’il vous donne quelque relâche, c’est pour vous replonger dans de nouveaux abîmes et dans de nouvelles alarmes. Il vous conduit à la terreur par la pitié, ou réciproquement à la pitié par le terrible, vous mène par les larmes, par les sanglots, par l’incertitude, par l’espérance, par la crainte, par les surprises et par l’horreur jusqu’à la catastrophe.

Jean de la Bruyère, Les Caractères, 1688-1696


La comédie : montrer les ridicules pour corriger les hommes


La Comédie est image de la vie commune : sa fin est de montrer sur le théâtre les défauts des particuliers, pour guérir les défauts du public, et de corriger le peuple par la crainte d’être moqué. Ainsi le ridicule est ce qu’il y a de plus essentiel à la comédie. Il y a un ridicule dans les paroles, et un ridicule dans les choses, un ridicule honnête et un ridicule bouffon.

René Rapin, Réflexions sur la poétique d’Aristote, et sur les ouvrages des poètes anciens et modernes, 1674.


Le modèle classique remis en cause : le drame romantique


Ce serait le mélange sur la scène de tout ce qui est mêlé dans la vie (…), ce serait le rire ; ce serait les larmes ; ce serait le bien, le mal, le haut, le bas, la fatalité, la providence, le génie, le hasard, la société, le monde, la nature, la vie ; et au-dessus de tout cela, on sentirait planer quelque chose de grand !

Victor Hugo, préface de Marie Tudor, 1833.


L’absurde : l’union du comique et du tragique


Je n'ai jamais compris, pour ma part, la différence que l'on fait entre comique et tragique. Le comique étant l'intuition de l'absurde, il me semble plus désespérant que le tragique. Le comique n'offre pas d'issue. Je dis « désespérant », mais en réalité il est au-delà du désespoir et de l’espoir. Pour certains, le tragique peut paraître, en un sens, réconfortant car, s’il veut exprimer l’impuissance de l’homme vaincu, brisé par la fatalité par exemple, le tragique reconnaît, par là même, la réalité d’une fatalité, d’un destin, de lois régissant l’Univers, incompréhensibles parfois, mais objectives. Et cette impuissance humaine, cette inutilité de nos efforts, peut aussi, en un sens, paraître comique. J’ai intitulé mes pièces « anti-pièces », « drames comiques », et mes drames « pseudo-drames », ou « farces tragiques », car, me semble-t-il, le comique est tragique, et la tragédie de l’homme, dérisoire.

Ionesco, Notes et contre-notes, Gallimard, 1962.

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